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La Plume et l'Etoile
1 mai 2012

La Braise sous la Cendre, chapitre 6

Rogue reprit conscience alors qu’on le secouait brutalement. L’esprit encore embrumé, il releva la tête et fit lentement le point sur sa situation. Il était assis contre un mur froid et humide et avait les mains enchaînées. Il devait se trouver dans une cave. Deux gardiens, tout de noir vêtus, le surveillaient. Plus loin, des silhouettes encapuchonnés parlaient à voix basse et lui jetaient de fréquents regards. Une réunion – et pas n’importe laquelle - allait se tenir. Les Mangemorts présents étaient ceux du Premier Cercle, les lieutenants de Voldemort. Il comprit immédiatement qu’on allait le juger.

Les silhouettes noires arrivèrent plus nombreuses et commencèrent à se rassembler. Un petit homme bossu allait de groupes en groupes. C’était Peter Pettigrow, l’homme qui avait trahi et tué James Potter, et fait accuser son autre ami, Sirius Black du meurtre. L’Animagus s’approcha d’une haute figure richement vêtue, et reconnaissable entre toutes, pour l’informer des ordres de leur maître. Lucius Malefoy fit un signe et les Mangemorts commencèrent à former le Cercle.

« Notre Maître arrive ! » s’écria Malefoy. « Qu’on amène le traître ! »

Rogue fut immédiatement traîné sans ménagement par ses deux cerbères et demeura le nez dans la poussière au centre du Cercle. Les rangs des Mangemorts s’agitèrent.

« Inclinez-vous devant sa Grandeur ! » cria Pettigrow d’une voix stridente.

Voldemort apparut soudain dans une explosion de lumières et de fumées. Les Mangemorts firent une génuflexion en baissant la tête et saluèrent leur maître d’une même voix. Courbé en deux, Peter Pettigrow courut jusqu’aux pieds de son seigneur. Au passage, il lança un regard plein de malveillance à Rogue et lui sourit avec malice, ravi de la tournure des événements.

Lord Voldemort fit un signe et les Mangemorts libérèrent Rogue qui se releva lentement.

« Severus, approche. »

La main décharnée de la créature fit un signe dans sa direction. Malgré lui, Rogue avança d’un pas et s’agenouilla alors que la main pâle s’abaissait. Il ne parvenait pas à distinguer les traits de Voldemort. Dans les ténèbres environnantes, la silhouette se découpait grâce à un halo de faible lumière – en fait un bouclier magique destiné à la protéger. Seuls les yeux rouges brillaient d’un feu comparable à celui de l’enfer. Voldemort respirait la confiance et la puissance.

« Tu étais l’un de mes plus fidèles serviteurs » dit-il d’une voix calme. « Tu m'as bien servi parce que tu croyais en mon combat, à la différence de Queudver qui me sert dans la crainte... »

La figure noire se tourna vers la forme misérable ramassée sur le sol. La voix glaciale brisa à nouveau le silence.

« … Mais tu m’as trompé. Je croyais que j’étais ton seul et unique Maître. Il n’en était rien. »

Voldemort regarda autour de lui chacune des figures drapées, qui semblaient recueillies, et, tout en parlant, commença à tourner autour de Rogue au centre du cercle des Mangemorts.

« Comment ai-je pu croire que tu me serais fidèle ? J'avais tort de te faire confiance, Severus, tu ne vaux pas mieux que les autres. »
« Monseigneur, je… »
« SILENCE ! » s’exclama Voldemort « Tu n’as pas besoin de mentir. Oublierais-tu que je suis un maître en légilimencie ? Ta nervosité ne t'aide pas à dissimuler la vérité… »

Rogue fit courageusement face à son accusateur et se força au calme.

« … Ni ton hostilité… » continua Voldemort, son visage maladif reflétant un sourire malveillant. « En parlant de vérité, savais-tu que Dumbledore ne pensait pas un instant à t'accorder la position que tu désirais tant ? » Il eut un rire étrange. « Severus Rogue, le « modeste » Maître des Potions… Pas exactement ce que tu avais à l'esprit, hein ? Encore que cela ne t’importait guère. Tant que tu avais la confiance de Dumbledore et la protection de Poudlard, il n'y avait aucune raison pour que tu me craignes. Dis-moi, Severus, si je te donnais la chance de revenir sans te punir, le ferais-tu ? »

Rogue ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, puis la ferma presque immédiatement. Voldemort eut un rire étrange.

« Naturellement, tu as fait ton choix… Pourtant, tu veux le pouvoir, Severus. C’est quelque chose que tu désires plus que tout au monde. Toi l’ambitieux, tu voudrais exercer ton autorité, mais il te manque le pouvoir... Un pouvoir que tu espères conquérir en me renversant, peut-être ? »

Rogue rassembla son courage et d’une voix assurée, déclara :

« J'ai peur que vous fassiez fausse route… »

Voldemort interrompit brutalement sa marche, un signe qui trahissait l’irritation de se voir ainsi contredit. Mais Rogue continua :

« J’ai tiré les conséquences de mes erreurs passées. Il ne se passe pas un jour sans que je regrette amèrement mes actes. A présent, je n’aspire plus au pouvoir. Telle une pestilence, il ravage et pollue tout ce qu’il touche. »

Le ton méprisant des derniers mots fit mouche. Des grognements de mécontentement s’élevèrent et les rangs des Mangemorts s’agitèrent. Voldemort leva la main.

« Paix, mes fidèles, il ne sait même pas de quoi il parle. »
« Ce que j’ai vu et subi me suffit pour affirmer que le pouvoir corrompt le cœur des hommes. Et dans ce cas, voir les bas-fonds de la vie n’est pas le plus effroyable. Le plus horrible, c’est lorsque j’ai pris conscience que ces bas-fonds étaient ma propre vie, et que cela allait durer pendant toute mon existence…»

Amusé, Voldemort se pencha vers Rogue et ricana :

« Severus, pourquoi t’es-tu embarrassé d’une conscience ? Ah ! si seulement tu pouvais comprendre la fascination qu’exerce le pouvoir... Quand le feu de la puissance brûle dans tes veines, il est impossible d’y renoncer. Demandes aux membres du Premier Cercle ici présents si mon pouvoir ne leur permet pas d’exercer leur autorité et demandes leur les bienfaits qu’ils en retirent…
« Vous prêchez ici en territoire conquis et personne n’osera vous contredire » répondit Rogue avec amertume. « Je n’ai rien à ajouter. »

Mécontent cette fois, Voldemort secoua la tête.

« Severus le Philosophe… Severus le Fou… Tu n’as jamais eu peur de dire ce que tu pensais. Je t’appréciais pour ton franc-parler et je le tolérais parfois car il apportait un point de vue original et constructif… Mais aujourd’hui… » Voldemort reprit sa marche autour de Rogue. « … Depuis le début, tu as tout fait pour m’empêcher d'atteindre Potter. Tu l’as sauvé à son premier match de quidditch. Tu l’as protégé contre moi en fermant ses pensées et en me faisant croire qu’il avait peur. Pourquoi as-tu constamment contrecarré mes plans au cours de toutes ces années ? »
« Parce qu’il le fallait. Parce qu’il fallait laisser une chance à Potter de vous combattre à armes égales. »
« Ha, ha ! Dumbledore est un fou pour vous avoir tous fait croire qu’un enfant pouvait encore me vaincre alors que je suis revenu plus fort qu’avant.
« L’Ordre du Phénix… »
« L’Ordre du Phénix est impuissant face à mes Mangemorts ! Ce n’est plus qu’une question de temps. Tu as choisi le camp des perdants, Severus. Pourquoi les as-tu rejoint d’ailleurs ? Comment peuvent-ils te faire confiance ? Après tout, tu portes la marque des Mangemorts, tu seras toujours un Mangemort à leurs yeux… »
« Je n’ai rien à leur prouver. Je ne fais que mon devoir au nom d’un idéal de justice et de liberté. »
« Devoir ? »

Rogue leva la tête et dévisagea courageusement Voldemort qui se pencha soudain au-dessus de lui en le dominant de toute sa taille.

« Quels sens accordes-tu à ce mot ? Et à celui de loyauté envers tes Frères ? »

Rogue avala sa salive et continua : « Monseigneur… »

« Ne m'appelle plus comme cela ! » hurla Voldemort avec colère. « Tu n'es rien de plus qu’un traître ! »

Rogue se tut et jeta un regard lourd de mépris vers le puissant sorcier. Malefoy s’avança alors au centre du cercle et inclina la tête en direction de Voldemort avec déférence.

« Monseigneur ? »
« Oui, Lucius ? »
« Peut-être que Severus a raison et voulait maintenir Potter vivant afin qu’il vous tue. Comme c’est écrit dans la prophétie. »
« Encore la prophétie… Qui irait accorder du crédit à des divagations de vieilles folles qui se prétendent voyantes ! Je ne veux plus entendre parler de ces inepties, Lucius ! »
« Pourtant Potter n’a pas hésité à vous défier cinq fois, Maître. »
« Et à chaque fois, ce nabot a failli vous vaincre » ajouta Rogue avec raillerie.

Furieux devant l’insulte à peine masquée, Voldemort gifla violemment Rogue. Malefoy eut un sourire malveillant en voyant le Maître des Potions accuser le coup sans broncher.

« Quelle insolence ! Ignores-tu que tu peux le payer de ta vie ? » s’écria Voldemort.

Le sorcier chercha sa baguette magique dans sa longue robe et la sortit. Il la dirigea directement sur la poitrine du Maître des Potions. Rogue pâlit et retint son souffle.

« Severus, je crois que tu connais l’incantation… Il me suffit de prononcer deux mots. »

Les yeux rouges de Voldemort s’enflammèrent. Rogue serra les dents et fit bravement face au sorcier en attendant le sort fatal. Le regard de Malefoy passa de l’un à l’autre, dans l’expectative. Voldemort eut encore ce rire étrange.

« Quel effet ça fait de te sentir à ma merci ?... Je voudrais tellement que tu me supplies de t’épargner, mais je te connais, tu es trop fier pour t’abaisser à me faire ce plaisir. »

Rogue retourna un regard rempli de haine vers le Maître des Ténèbres, alors que ce dernier abaissait sa baguette.

« Monseigneur ? »
Sans se retourner, Voldemort répondit : « Oui Lucius ? »
« Pourquoi ne le tuez-vous pas maintenant ? »
« Tu veux que je tue ton ami, Lucius ? »

Le ton était doucereux, presque vénéneux. Malefoy comprit la dangereuse allusion et regarda froidement Rogue en se redressant dédaigneusement.

« Il n'est pas mon ami. »

Voldemort examina Rogue un moment, satisfait de la réponse de Lucius. Un sourire cruel s’afficha sur ses lèvres minces, puis il regarda l’assemblée entière en annonçant :

« Je ne vais pas le tuer. »

Des murmures parcoururent les rangs des Mangemorts, vite étouffés par un geste de leur Maître. Seul Lucius osa braver Voldemort.

« Mais, Monseigneur, il nous a trahis, il doit servir d’exemple ! »
« Assez Lucius !! Ma décision est prise… J’admets qu’il m’aurait été agréable de me débarrasser de lui tout de suite, mais je veux qu’il soit présent le jour de mon triomphe. Et puis, dans l’attente, il peut encore nous être utile. »
« Si je puis me permettre, Maître… Que comptez-vous faire de lui ? »
« Tu le découvriras bientôt, Lucius, très bientôt. »

Rogue serra les dents et eut un rictus de dédain.

« Je refuse de vous aider. Plutôt mourir que d’obéir à vos ordres ! »

Voldemort eut un petit rire.

« Oh, les nobles intentions ! Serais-tu devenu un parangon de vertus au contact de Dumbledore et de ses amis ? »

L’assemblée éclata de rire. Des moqueries fusèrent en direction du captif. Voldemort leva la main et le calme se fit aussitôt. Avec du mépris dans la voix, il reprit la parole.

« Au lieu de te nourrir de paroles épiques mais vides de sens, tu devrais plutôt me remercier de faire preuve de pitié envers toi. »
« C’est cela que tu appelles de la pitié, Jedusor ? Mensonges ! Je dirais plutôt que tu as peur… Et plus précisément, tu as peur de la réaction de Dumbledore si je venais à disparaître ! »

Voldemort saisit Rogue par le col de sa robe et commença à le secouer en le dominant de sa haute taille.

« Tu t’accordes trop de crédit, misérable vermisseau ! »
« Oh non, Jedusor. Je suis prêt à mourir pour le prouver. Et toi, l’es-tu ? J’en doute ! Tu crains Dumbledore et tu as peur de Potter ! Son existence même remet la tienne en cause ! »
« Le vieil imbécile ne peut rien contre moi. Quant au gamin, je le détruirai. La guerre va bientôt s’achever et je serai victorieux ! »
« Je n’en serai pas si sûr à ta place… Tu ne disposes d’aucune arme efficace contre Potter ! »

Voldemort jeta Rogue au sol en riant.

« Pourquoi aurai-je besoin d’une arme ? Ne suis-je pas le sorcier le plus puissant au monde ? »

Voldemort eut un sourire cruel et regarda froidement le Maître des Potions.

« Ah ! Si seulement tu voyais les choses sous ma perspective, ce serait infiniment moins désagréable pour toi. »

Rogue resta un instant sans voix alors qu’il comprenait. Avec un grognement, il se releva brutalement et voulut se jeter sur Voldemort, mais deux paires de bras puissants l’en empêchèrent en le retenant. Il tenta de se débattre mais rien n’y fit. Déterminé cependant, il réussit à vociférer :

« Que vas-tu faire, espèce de zombie ? »
« Tu donnerais n’importe quoi pour le savoir, n’est ce pas ? » Voldemort eut un rire de triomphe. « Mais tu ne sauras rien de mes plans… En revanche, tu vas connaître le goût de mon courroux pour ton insubordination et ta trahison. »

Rogue se raidit, incapable d’échapper aux mains de ses bourreaux. Malefoy s’avança avec un sourire cruel et proposa ses services.

« Pas cette fois, Lucius… » Avec une gravité inhabituelle, Voldemort regarda Rogue. « Severus, tu es devenu faible. Tu n’es plus digne d’être un sorcier... Qu’on me donne sa baguette… »

Pettigrow se glissa jusqu’à son Maître et lui remit en tremblant l’objet magique. Sans effort, Voldemort rompit la baguette et en jeta négligemment les morceaux aux pieds de ses fidèles. Rogue contempla avec une fureur mêlée de désespoir les restes inutilisables piétinés par quelques Mangemorts.

« Voilà, tu n’es plus rien. Qu’on l’emmène hors de ma vue et qu’on lui administre le traitement qu’il mérite ! »

Les deux Mangemorts saisirent Rogue sous les aisselles et le tirèrent brutalement en arrière. Le cercle s’écarta lentement pour les laisser passer. Rogue se mit à hurler :

« Sois maudit, Jedusor !!! Tes Mangemorts et toi, vous pourrirez bientôt en enfer ou dans les cachots d’Azkaban !!!! »

Au passage, Lucius Malefoy se saisit du col de Rogue et le regarda droit dans les yeux, avec un sourire cruel :

« Je te jure, traître, que tu goûteras aux joies de ces geôles. Au risque de m’en salir les mains, je me chargerai moi-même de ton interrogatoire. Tu parleras et tu me supplieras de mettre fin à tes jours…Mais ce ne sera que lorsque le Seigneur des Ténèbres connaîtra son heure de gloire que je t’achèverai et que je vengerai mon fils… »

Avant que Rogue ne réponde, Malefoy lui assena un violent coup sur la tête avec l’aide du lourd pommeau de sa canne. Rogue sombra dans l’inconscience en entendant le rire diabolique de Voldemort accompagné par ceux de ses fidèles serviteurs.

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