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La Plume et l'Etoile
1 mai 2012

La Braise sous la Cendre, chapitre 10

« Elric, vous devez me comprendre. Il faut que nous sachions… »
« Albus, les choses ne sont pas aussi simples » répondit ledit Elric avec un accent germanique prononcé.

Dumbledore considéra l’homme assis devant lui. Eclairé par un brasero, Elric le Nécromancien était un homme d’une soixantaine d’années au physique avenant. Le visage auréolé de cheveux blancs comme neige, était énergique et les yeux bleus glace qui cillaient rarement, avaient une qualité hypnotique impressionnante. Tout dans ce sorcier – sa prestance, ses gestes sûrs, sa voix - reflétait la puissance à l’état brut. Il vaut mieux se faire un ami de cet homme plutôt qu’un ennemi, décida le chef de l’Ordre du Phénix.

« Je ne peux invoquer les puissances occultes. Ce sont elles qui viennent généralement à moi… »
« N’y a-t-il pas un moyen de leur forcer la main ? » demanda Albus.

Le sorcier considéra son homologue en silence pendant quelques instants.

« Il existe un moyen… Je suppose que vous ne me demanderiez pas d’en arriver là, si vous n’étiez pas au pied du mur ? »
« Tous nos rapports les plus récents indiquent que nous sommes sur le point d’être attaqué par le Seigneur des Ténèbres. »

Le Nécromancien se leva avec souplesse et se dirigea vers la magnifique statue d’Anubis posée sur son socle de pierre. L’homme contempla la figurine à la tête de chacal alors que les flammes du feu jouaient sur ses traits.

« Alors le temps est venu… Je connais les dangers encourus mais je vais pratiquer le rituel d’Aleph. »

Dumbledore hocha la tête en signe de compréhension. L’approche d’Elric serait prudente, mais non dénuée de risques.

« Merci Elric. Puis-je rester ? »
« S’il vous plaît. Votre aide pourrait être précieuse si je rencontre quelques… difficultés. »

Le Nécromancien passa une robe noire et or sur laquelle de curieux symboles et des runes mystérieux étaient brodés. D’un coffre de voyage posé dans un coin de la pièce, il sortit un long fourreau précieux qu’il posa au milieu d’autres objets sur le petit autel qu’il s’était confectionné au fond, dans l’ombre. Du brasero, Elric retira ensuite un charbon ardent et le mit dans un encensoir. Aussitôt, la pièce se remplit de la douce odeur de l’encens et du cèdre.

Resté en arrière, Dumbledore observa le sorcier faire une génuflexion, puis allumer des chandelles blanches en prononçant des mots incompréhensifs. Dans quelle langue s’exprimait-il ? Le vieux sorcier, pourtant cultivé, ne la reconnaissait pas.

Elric se recula enfin et resta debout quelques instants, recueilli, la tête baissée. Puis il frappa dans ses mains pour signifier l’ouverture du rituel. Il prit ensuite sa baguette et la pointa dans une direction. Alors sa voix s’éleva, harmonieuse :

« Salut à Toi, gardien de l'est, puissance de l'Air, lieu de tous les commencements et du discernement. Salut aux Déesses Astarté, Aurore, Ushas de l'Aube, Sylphes, aigles, corneilles et tous les oiseaux, esprits de l'air. Venez et soyez présents en ce lieu sacré et témoins de ce rituel. »

Il se tourna vers une autre direction.

« Salut à Toi, gardien du sud, puissance du Feu, lieu de la grande passion et de la volonté. Salut aux Déesses Selket, Vesta et Bridgid, aux salamandres, aux étincelles et aux esprits du Feu. Venez et soyez présents en ce lieu sacré et témoins de ce rituel. »

De la même façon, il alla vers l’ouest et prononça :

« Salut à Toi, gardien de l'ouest, Puissance de l'Eau, lieu de la tradition et de la compréhension. Salut aux Déesses Aphrodite, née de l'écume de la mer, et Isis, initiatrice des eaux de la vie. Salut aux ondines, aux dauphins, aux poissons, à tous les esprits des eaux. Venez et soyez présents en ce lieu sacré et témoins de ce rituel. »

Enfin, il termina par le nord.

« Salut à Toi, Gardien du Nord, puissance de la Terre, lieu du mystère et de l'invisible. Salut aux déesses Cérès, Déméter et Perséphone, Mère de la Terre et des Parques. Salut aux gnomes, aux nains et aux esprits des cavernes, des terriers et de la Terre. Venez et soyez présents en ce lieu sacré et témoins de ce rituel. »

Il retourna face à l'autel et pointa sa baguette vers une petite statuette en terre cuite qui semblait très ancienne :

« En ce centre, j'invoque l'élément de l'esprit et la Déesse de l'espace infini et des astres infinis qui s'y trouve. Répandez votre bénédiction divine sur ce lieu sacré. »

Il se tut et posa sa baguette sur l’autel. Il prit l’encensoir et commença à le balancer doucement devant lui vers l’orient :

« A l'Est, j'invoque la Déesse Hathor. Douce Hathor, reine de beauté, douce mère de toutes les créatures, sois présente ici. Puisse ta lumière et ta pureté resplendir et me nourrir comme elles le font pour tout ce qui vit, afin que je puisse amener ces vertus sur mon chemin et en nourrir moi aussi tous ceux qui m'entourent. Cet encens est offert à la Déesse Hathor. »

Il reposa l’encensoir et prit une chandelle, puis se positionna face au sud :

« Au Sud, j'invoque la Déesse Bast, dame de la joie et de la générosité, protectrice du Soleil qui a tué le serpent Apet. Soit présente ici, accorde-moi la joie du chant et de la danse et le pouvoir de guérir, que je puisse en faire jouir la terre et tout ce qui vit. Cette flamme éternelle est offerte à Bast. »

Il déposa la chandelle sur l’autel et prit un calice rempli d’eau, puis se tourna vers l’ouest :

« A l'Ouest, j'invoque la Déesse Isis. Oh, Déesse aux mille noms, maîtresse de ce qui est magique, Reine Céleste, étoile de l'Ouest, J'implore ta grâce et ta bénédiction. Toi qui as enseigné tant de talents à l'humanité, sois maintenant ma maîtresse, que je croisse en sagesse et en amour et que je puisse me compter vraiment parmi tes enfants. Aide-moi dans mon travail et bénis cette Eau, offerte à Isis, vision du vrai. »

Il revint vers l’autel et prit cette fois une coupelle remplie de sel :

« Au Nord, j'invoque la déesse Nephthys, dame noire, souveraine de la nuit et de la mort. C'est par toi que nous parvenons à connaître ces mystères et à rencontrez l'obscurité au-dedans et au dehors. Ta face cachée affronte nos peurs et nous permet de contempler l'inconnu. J'implore ta protection et te demande d'être mon guide dans mon voyage intérieur. Ceci est offert à Nephtys. »

Il remit la coupelle de sel sur l'autel et éleva les bras vers le ciel, puis dit :

« Je lève les yeux au ciel et t'invoque, Nuit bénie, mère de l'univers et des Dieux. Ton corps étoilé se penche vers la terre dans sa splendeur nue. Sers-moi de voile. Que ta voie lactée s'étende comme une bénédiction, afin que je sois empli de la gloire des étoiles. Sous moi et autour de moi est la Terre. Puisse mon travail d'aujourd'hui enrichir la Terre de même que mon esprit est touché par l'éternité des étoiles. »

Elric se tut et se positionna devant l’autel. En fermant les yeux, il prononça :

« Au Nom de la Déesse Isis, que mon âme s'éveille aux Mystères... »

Le silence s’abattit sur les deux sorciers. Dumbledore avait suivi le rituel avec attention, fasciné par le contenu des incantations. Elric avait choisi la voie la plus respectueuse pour aborder les spectres qui le guidaient. Si l’un d’entre eux était froissé ou vexé d’être invoqué, le Nécromancien ne tarderait pas à le savoir et l’attaque contre lui serait violente. Dumbledore raffermit sa prise sur sa baguette, prêt à intervenir au cas où.

Elric continuait à prier en silence les esprits des morts afin qu’ils franchissent leur plan astral et que l’un d’entre eux se manifeste et lui révèle les noms des cinq Initiés. Rien ne se produisit pendant quelques temps, puis Dumbledore prit conscience d’un bourdonnement dans l’air. Le vieux sorcier chercha l’origine de ce phénomène et finalement, ses yeux se posèrent sur les objets posés sur l’autel. C’était eux qui produisaient ce son car ils vibraient de manière imperceptible.

Soudain, le corps d’Elric se raidit, comme possédé, et une voix sépulcrale jaillit de sa bouche en hurlant des mots incompréhensifs :

« Lasgaroth, Aphonidos, Palatia, Urat, Condion, Lamacron, Fondom, Arkapon, Alamar, Bourgasis veniat, Serebani !!! … »

La litanie s’arrêta aussi soudainement qu’elle avait commencé. Elric prit une profonde inspiration comme s’il manquait d’air et sembla reprendre momentanément le contrôle de son corps.

« Esprit des ténèbres et de la nuit éternelle, entends mon appel… Aide-moi… »

A nouveau, le corps du Nécromancien fut agité de soubresauts, et la voix d’outre-tombe lui demanda :

« Que veux-tu, Mortel ? »
« Oh, Loki, Prince des Maudits et des Bannis, révèle-moi le nom des Elus, ceux qui combattront sur cette Terre le Seigneur des Ténèbres, vivant tout en étant mort… »

Le dénommé Loki poussa un sifflement strident, comme si cette tâche lui répugnait. Au même instant, les objets sur l’autel se déplacèrent nettement tout seul et les flammes des chandelles furent agitées et faillirent s’éteindre, comme si un courant d’air s’était produit.

« Noooon !!! » cria Loki.
« Loki, Maître tout puissant des Cercles Infernaux, réponds-moi !… »

Elric fut agité de tremblements comme s’il était aux prises avec le démon qu’il avait invoqué. Son visage était à présent distordu, partagé entre la rage et le désespoir. Il fallait une énergie incroyable au Nécromancien pour soumettre le spectre à sa volonté. Dumbledore serra sa baguette et se prépara à intervenir.

« Nooooooooooon !!!!!!!! » hurla la voix de Loki.

Elric posa la main sur le fourreau et tira l’épée qu’il contenait. Il la brandit devant lui par la lame.

« Par la Sainte Croix Celtique de cette épée, Loki, je te l’ordonne, réponds-moi !!! … »

Il y eut comme un gargouillis et Elric sembla se ratatiner sur lui-même. La voix étranglée de Loki reprit alors :

« Aux feux du couchant, le destin des deux Lions nés lorsque est mort le septième mois sera scellé. De leurs actions et de leur courage dépendra l’issue du combat. Comme leurs ancêtres mille ans plus tôt, la Sœur et le Frère à la crinière rousse seront unis dans la souffrance et dans le sacrifice. Bien que toute puissante et instruite, la Vierge à l’émeraude goûtera les fruits amers de la vengeance et ne trouvera la paix de l’âme qu’en embrassant la misère humaine. Charon acceptera l’obole de l’un d’entre eux et refusera de faire traverser les deux autres. Aux feux du couchant, seuls les puissants vivront… »

Tout fut soudain silencieux. Le démon venait de remplir sa mission de divination et attendait de nouveaux ordres de la part de son Maître. Elric se redressa et prit l’épée dans sa main en la brandissant devant lui.

« Loki, esprit errant de la Géhenne, je te libère… »

Après un dernier sursaut, le Nécromancien tomba à genou devant l’autel. Dumbledore s’apprêta à venir vers lui, mais Elric l’arrêta d’un geste. Le sorcier se releva péniblement en s’appuyant sur l’épée et fit face à l’autel.

« J'adresse à tous les êtres vivants le rayonnement de la bénédiction et de la santé. »

Il se tourna ensuite vers l’est et dit :

« Je rends grâce aux gardiens de l'est et à la déesse Hathor pour m'avoir fait don de ce jour. »

Il se tourna vers le sud.

« Je rends grâce aux gardiens du sud et à la déesse Bast pour les dons qu'elle m'a accordés en ce jour. »

Elric se positionna face à l’ouest et continua :

« Je rends grâce aux gardiens de l'ouest et à la Déesse Isis pour l'Amour qu'elle m'a accordé en ce jour. »

Enfin, il termina au nord.

« Je rends grâce aux gardiens du nord et à la Déesse Nephtys pour la protection et l'orientation qu'elle m'a accordées en ce jour.

Elric fit à nouveau face à l’autel et prononça la dernière phrase du rituel.

« Je rends grâce à la Déesse Isis pour la bénédiction des étoiles qu'elle m'a accordée. »

Le Nécromancien frappa dans ses mains et de ce fait, clôtura le rituel. Dumbledore put alors l’approcher.

Le sorcier semblait hagard et vidé de ses forces. Dumbledore se pencha pour l’aider à se remettre debout.

« Elric, est-ce que ça va ? »
« Oui, Albus… Je suis juste fatigué. »

Le vieux sorcier aida le Nécromancien à s’asseoir et attendit, alors qu’Elric vidait la coupe d’eau d’un seul trait.

« Qui avez-vous vu ? »
« Cinq jeunes gens. Harry Potter est l’un d’eux. Je reconnaîtrai les autres lorsque je les verrai… »
« Je pense savoir qui ils sont. Loki a parlé du Frère et de la Sœur aux cheveux roux : ce sont les jeunes Weasley. Je crois qu’il a aussi parlé de Miss Granger. Quant au Lion né le même jour qu’Harry Potter, il ne peut s’agir que de Neville Londubat. »
« Albus, je n’ai pas vu l’issue de la bataille... »
« Alors l’avenir n’est pas encore écrit… »

Elric se leva, le visage résolu.

« Il est temps de les avertir. Menez-moi à eux… »

Dumbledore hocha la tête.

« Suivez-moi. »

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